L’assurance-vie, grande championne ou seul moyen d’épargne en France ?
10,3 milliards d’euros, c’est le montant de la collecte nette d’assurance-vie pour le premier semestre 2014, égalant presque le montant de toute l’année 2013. Ainsi, le déséquilibre s’accentue avec les autres solutions de placement qui souffrent soit de la faiblesse de leur rendement, soit d’une fiscalité confiscatoire, quand ce n’est pas les deux. Comblée de garanties et d’avantages fiscaux, l’assurance-vie aspire sans peine le peu d’épargne disponible.
L’argent des Français laissé sur leur contrat d’assurance-vie
Au terme du premier semestre 2014, l’assurance-vie a engrangé une collecte nette de 10,3 milliards d’euros, un chiffre très encourageant. L’Association française de l’assurance(AFA) rappelle à ce titre que la collecte nette pour l’ensemble de l’année 2013 égalait 10,7 milliards d’euros. Si rien ne vient freiner ce rythme, l’année 2014 devrait renouer avec les meilleurs temps de l’assurance vie. Cependant, Bernard Spitz, président de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) et nouveau président de l’AFA, prend du recul sur ces chiffres qui sont encore loin des scores des années 2009-2010.
Pourtant, l’assurance-vie revient de loin. Elle a réussi à gagner 1,2 milliard d’euros supplémentaire en juin, quand l’année dernière, ce mois se soldait par une décollecte de 0,2 milliard d’euros. Pas un seul mois du premier semestre 2014 n’est tombé dans le rouge. Comparativement au premier semestre 2013, ce sont près de 2 milliards d’euros de cotisation de plus (63,8 M€ contre 61,9 M€) etprès d’un demi milliard d’euros de prestation de moins (53,5 M€ contre 53,9 M€).
Sur le seul mois de juin, les rachats n’ont coûté que 8,8 milliards d’euros, quand la tendance précédente les portait plutôt à 12 milliards d’euros, comme en décembre 2013.
Fin juin 2014, l’encours des contrats d’assurance-vie pèse 1 490,2 milliards d’euros, en bonne voie d’atteindre les 1 500 milliards d’euros avant la fin de l’année. Certes, au vu de ces derniers résultats, l'assurance-vie est le premier placement des Français.
L’assurance-vie comme réponse du berger à la bergère
Cette prédilection des épargnants pour l’assurance-vie peut s’interpréter comme un rejet des mesures économiques et reflète l’absence de solutions d’épargne satisfaisantes, si ce n’est l’absence d’épargne même. Epargne réglementée, épargne bancaire, investissements dans l’immobilier et placements en unité de compte sont paralysés.
Le Livret A méprisé
Si le Livret A avait un temps fait illusion avec le relèvement de son plafond, il a bien fallu revenir à la réalité de son taux de rémunération, lequel tombe à 1% ce mois d’août. Le mois de juin se solde déjà par une décollecte de 130 millions d’euros, troisième mois consécutif dans le rouge pour le Livret A. Les phénomènes conjugués des soldes et des vacances ne sont peut-être pas étrangers à cette fuite, mais ils n’expliquent pas tout à eux seuls.
Le taux dérisoire de l’épargne défiscalisée ne fait pas le poids contre les rendements des fonds euros estimés en 2013 à 2,80% bruts en moyenne par la FFSA, soit 2,11% après prélèvement.
Au total, pour le premier semestre 2014, la collecte nette du Livret A et du Livret de Développement Durable ne totalise que 3,7 milliards d’euros, à peine plus d’un tiers de la collecte d’assurance-vie.
Réduction des flux financiers
Il faut bien admettre que dans le même temps, le niveau de l’épargne des ménages s’est fortement réduit. Beaucoup sont confrontés à la stagnation de leurs revenus cumulée au durcissement des impôts et charges sociales et à l’inexorable augmentation du coût de la vie. En effet, hors inflation, la part des abonnements, assurances, des dépenses d’énergie et des dépenses de logement, loyer ou remboursement d’emprunt immobilier, ne cesse d’augmenter, privant de plus en plus les ménages de la possibilité de dégager une épargne. Quand c’est heureusement le cas, on ne peut leur reprocher de préférer pour leurs petites économies un placement sécurisé, rentable et le moins fiscalisé possible.
Dans ce contexte, la tendance est de fuir les produits financiers dont les rendements sont faibles, incertains et surfiscalisés. Les livrets d’épargne bancaire, peu rémunérateurs, ne sont pas promis à plus de succès. Cela se traduit par la chute des flux financiers observés aujourd’hui à 71 milliards d’euros, tandis qu’ils dépassaient les 100 milliards d’euros avant la crise de 2008.
Ralentissement continu de l’investissement immobilier
Resterai bien l’investissement dans la pierre, mais il pâtit du durcissement de l'accès au crédit alors même que les taux d’emprunt sont tombés à un niveau plancher incroyablement bas. Les prix de l’immobilier et de tout le secteur du bâtiment sont devenus excessifs et, vu les nouvelles conditions du marché locatif, ils dissuadent de nombreux investisseurs. Ces mauvaises conditions de l’immobilier se répercutent notamment en assurance-vie à travers le plus faible niveau des rachats.
Une collecte brute d’assurance-vie pas si dynamique : où est l’épargne ?
Cela dit, si les prestations versées sont moindres, cela ne veut pas dire que les cotisations soient vraiment toniques. Si l’on s’en tient au mois de juin, l’assurance-vie doit sa collecte nette positive à la modération des rachats quand du côté de la collecte,les cotisations brutes n’ont que très légèrement bougé. Chiffrées à 9,993 milliards d’euros, elles s’inscrivent dans la fourchette basse observée depuis le début de l’année, allant de 9,4 M€ à 11,2 M€ de collecte.
Tous aux abris : des liquidités et des garanties plutôt que de l’investissement
L’engouement ne va pas non plus aux unités de compte qui ne représentent que 15% des placements d’assurance-vie, totalisant une collecte de 1,5 milliard d’euros. Les épargnants semblent pour l’instant assez insensibles aux progressions du CAC 40 (15 % en 2012 et 18 % en 2013). Le succès que rencontreront les nouveaux contrats eurocroissance et Vie génération nous dira si les assurés-vie se laissent finalement tenter par la performance supposée des marchés boursiers.
Pour le moment, le seul chiffre à rapprocher valablement de la collecte d’assurance-vie est plutôt celui des dépôts sur les comptes courants. D’après Philippe Crevel, dans sa lettre économique du 26 juillet 2014, au deuxième trimestre 2014, les dépôts à vue ont augmenté de 13 milliards d’euros, le niveau de toute l’année 2013. Et de préciser qu’au 1er trimestre, les comptes courants gagnaient déjà 19 milliards d’euros de plus.
D’évidence, les Français sont en repli, leurs économies se destinant à des dépenses ou à former une épargne à long terme mais avec le plus de garanties possibles. L’assurance-vie ne peut qu’en ressortir gagnante.
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ING Direct vie | 26 septembre 2011
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