Les Français convertis aux Unités de compte

Pour ce mois de mai, les cotisations d’assurance-vie se sont élevées à 9,7 milliards d’euros contre 8,5 milliards d’euros de rachats. En conséquence, la collecte nette d’assurance-vie en mai a été une nouvelle fois positive, établie à 1,2 milliard d’euros.
 

Comparé aux résultats des mois précédents, ce score est peut-être plus modeste mais il est trop tôt pour y déceler un quelconque ralenti. Bien au contraire, la collecte nette totale d’assurance-vie sur les 5 premiers mois de l’année se chiffre à 10,7 milliards d’euros, un montant supérieur de 15% à la collecte réalisée en 2014 sur la même période.

Le succès de l’assurance-vie ne se relâche pas, éveillant même chez les assureurs-vie quelques inquiétudes quant à la concentration de la collecte sur les fonds en euros à capital garanti. La politique de taux négatifs de la BCE est en effet venue perturber le jeu.
 

D’une part, de nombreux titres qui arrivent à échéance avaient été acquis à une époque de taux positifs, voire de taux élevés. Pour renouveler les portefeuilles d’obligations, les assureurs sont forcés d’introduire des titres à faible taux, et ceci en grande quantité sous la pression des épargnants, très demandeurs de fonds sécurisés. Dans ces conditions, il faut s’attendre à l’avenir à l’affaissement des rendements des fonds en euros.
 

D’autre part, si une remontée des taux survenait, mécaniquement les obligations perdraient de leur valeur, emportant celle des portefeuilles des assureurs, acculés de surcroît par la garantie du capital associée à ces fonds.

La voie de secours, relayée depuis plusieurs mois par les pouvoirs publics, est d’orienter les placements vers les unités de compte. Il s’agit de contrer l’aversion au risque des épargnants français, peu enclins à exposer leurs économies aux fluctuations des cours de bourse. Dans ce cadre, toutes les initiatives de démocratisation de la bourse ont été les bienvenues.
 

Cela dit, les rendements de 2,50% à 3% nets de frais de gestion, mais avant prélèvements fiscal et social, des fonds en euros finissent, d’eux-mêmes, par lasser les épargnants, de plus en plus réceptifs aux 5 à 6% servis par les unités de compte, clamés sur tous les toits. Cependant, on restera discret sur les diverses commissions attachées à leurs rendements. Le potentiel de performance des unités de compte vient à bout des hésitations face au tassement prévisible de la rémunération des fonds en euros.
 

Ainsi, tandis qu’en 2014 30% des placements se destinaient aux unités de compte, cette part monte à 54,2% sur les 5 premiers mois de l’année 2015. Sur les 10,7 milliards d’euros de collecte, 5,8 milliards d’euros (54,2%) sont allés aux actions, et 4,9 milliards d’euros sur les fonds en euros (45,8%).

C’est une première et cela confirme une réorientation progressive de l’épargne vers l’économie « réelle », telle que souhaitée par le gouvernement.